Ernesto Guevara de la Serna est né le l4 juin 1928 à Rosario, en Argentine. En l937, à 9 ans, il suit la guerre civile espagnole en reportant jour après jour l'évolution militaire du conflit sur une carte.
A 15 ans, il organise sa première action de protestation. Celle-ci est dirigée contre les ouvriers communaux qui empoisonnent les chiens errants: sa chienne, Negrina, a été victime de ces empoisonnements.

A 17 ans, il commence à se constituer un dictionnaire philosophique, consistant en sept cahiers. Les deux premiers traitaient de l'histoire de la philosophie et des sciences sociales, les autres concernent l'oeuvre de Karl Marx; le marxisme-léninisme.

Il rencontre la jeune Berta Gilda Infante, surnommée Tita, en l947. Elle est membre de la jeunesse Communiste d'Argentine. Ils bâtissent une amitié solide et profonde. Ensemble, ils lisent des textes marxistes et discutent de l'actualité.

En 1948, Ernesto Guevara, qui a 20 ans, expédie son examen d'entrée à la faculté de médecine de l'Université de Buenos Aires. En mars, il réussit ses examens de première année, en juin, ceux de deuxième année, et en décembre, ceux de troisième année. Dans son dossier à l'université, on peut lire que malgré son asthme il pratique activement certains sports, parmi lesquels le rugby, l'athlétisme, la natation et le football. Par ailleurs, il éprouve un vif intérêt pour les échecs, le dessin, la littérature et la photographie d'art.

Le 1er janvier 1950, il entreprend sa première grande randonnée. Il sillonne en tous sens les provinces septentrionales de l'Argentine avec un vélo sur lequel il a monté un petit moteur.
Tout en poursuivant ses études, il travaille comme infirmier sur les cargos et pétroliers de la marine rnarchande nationale de l'Argentine. C'est ainsi qu'il voyage du sud de l'Argentine jusqu'au Brésil, au Venezuela et à Trinidad.

En octobre, il décide d'entreprendre son premier voyage à travers l'Amérique latine. En janvier l952, en compagnie d'Alberto Granado, il se met en route avec une vieille motocyclette Norton 500 cc.

Il découvre alors la situation des masses en Amérique latine.
Che Guevara termine ses études au début de l953. Il est convoqué pour le service militaire, mais il est déclaré inapte. Le 7 juillet, il emprunte un tortillard pour se rendre à La Paz, en Bolivie, 6000 km plus loin et continue son périple.

En 1954 il assiste impuissant au putsch américain au Guatemala. "J'ai pu m'enfuir au Mexique lorsque les agents du FBI étaient déjà occupés à arrêter tout le monde et à assassiner ceux qui représentaient un danger pour le gouvernement de la United Fruit."

A Mexico, Che Guevara essaie de gagner sa vie comme photographe dans les jardins publics, puis comme médecin dans "l'Hospital Central" de la ville.

En juin, il rencontre Raul Castro, puis le 8 juillet, Fidel débarque dans la capitale mexicaine.

A propos de leur première rencontre, le Che déclarera "J'ai appris à le connaître au cours d'une de ces nuits fraîches de Mexico et je me souviens que notre première discussion tournois autour de la politique internationale. Quelques heures plus tard, au cours de cette même nuit - le matin approchait - j'étais un des futurs participants à l'expédition du 'Granma'."

Fidel Castro dira de cette rencontre: "Il connaissait beaucoup de choses sur le marxisme-léninisme, il était autodidacte, très désireux d'apprendre, et c'était un convaincu. Lorsque nous avons rencontré le Che pour la première fois, c'était déjà un révolutionnaire formé."

En 1956 les révolutionnaires s'organisent puis partent pour Cuba: le 25 novembre le yacht Granma, avec 82 hommes à bord, arrivera le 2 décembre.

Après divers affrontements, le l7 janvier 1957, ils attaquent la caserne de La Plata. Le Che dira :
"La Plata a été notre première victoire. Pour tout le monde, il était clair que l'Armée Rebelle existait et qu'elle était prête pour la lutte. Pour nous, c'était la confirmation des chances de victoire finale."

La lutte continue. Le 18 février 1958 ont lieu les premières émissions de Radio Rebelde. Che s'impose comme un leader militaire. En 1959, la dictature de Batista s'effondre.
Au lendemain de la révolution, Che est naturalisé cubain.

Le 17 octobre, il dit aux étudiants: "Entrez en contact avec le peuple, non pour l' 'aider' avec ses connaissances ou quoi que ce soit - comme le ferait une dame de l'aristocratie en refilant une petite pièce à des mendiants -, mais pour faire partie des forces révolutionnaires qui dirigent Cuba aujourd'hui; pour vous mettre sur les épaules la mise en oeuvre pratique de la révolution et pour ainsi, en même temps, acquérir une expérience peut-être encore beaucoup plus importante que toutes les choses pourtant intéressantes que vous apprenez aux cours."

Cuba prend au fur et à mesure une option socialiste, les USA rompront les relations fin 1960.

Che dira: "On doit être marxiste de la même manière que l'on est newtonien en physique, ou 'pasteurien' en biologie. (...) Le mérite de Marx est d'avoir effectué un bond qualitatif dans l'histoire de la philosophie sociale. Il interprète l'histoire, explique sa dynamique et prévoit l'avenir. En outre, il va plus loin que son simple devoir scientifique, il formule un concept révolutionnaire: il ne suffit pas de comprendre la nature des choses, il est aussi nécessaire de les modifier. L'homme cesse d'être l'esclave et l'instrument de l'histoire pour devenir l'architecte de son propre avenir."

Guevara est le ministre de l'industrie. Son point de vue est développé dans le texte LE SOCIALISME ET L'HOMME A CUBA, publié en mars 1965.

Le socialisme cubain met en avant la morale, la participation ininterrompue des masses au processus révolutionnaire. Pendant ses multiples visites aux coopératives agricoles et aux usines, le Che va encourager les Cubains à développer concrètement la révolution. Il n'hésite pas à retrousser ses manches, à plusieurs reprises il aide à rentrer les récoltes de sucre, travaille comme maçon dans des projets de construction.

Les actions américaines pour renverser le régime sont nombreuses; la position du Che à ce sujet est claire: "Nous avons rendez-vous avec l'histoire, et nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d'être effrayés! Nous devons garder le même enthousiasme et la même foi. Construire des usines de la main gauche, et brandir le fusil de la droite, et des deux talons, écraser les vers."

Le 31 mars 1965, le Che rédige sa lettre d'adieu à Fidel.

Sa tâche désormais: contribuer à la révolution, en contribuant à la libération de chaque pays, un par un. C'est le thème de son message à la Tricontinentale, organisation des pays progresssistes du "tiers-monde", avec le fameux mot d'ordre: "Créez 1, 2, 3 Viet-nam!".

Il part secrètement au Congo pour participer à la guérilla.

Le Congo, Guevara ne l'a pas choisi par hasard. Le grand théoricien de l'anti-colonialisme sur le plan psychologique, Frantz, Fanon, disait:: "L'Afrique est un pistolet et le Congo en est sa gâchette".

Mais cette guérilla est un échec, et au bout de sept mois lui et les autres Cubains repartent à La Havane. Le Che part ensuite en Bolivie, toujours secrètement, où il arrive le 3 novembre.

Mais la guérilla échoue là-bas aussi. La guérilla ne connaît pas suffisamment la paysannerie et ne sait pas l'organiser.

Les guérilleros sont isolés, l'armée effectue un travail de sape d'autant plus grand que la CIA a envoyé un grand nombre de cadres.

Le 8 octobre l'armée arrête le Che, qui est exécuté.