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Le rôle qui nous incombe
(Citations d'Ernesto " Che " Guevara, 1961)
" C'est pourquoi nous devons aller
de l'avant, frapper infatigablement l'impérialisme, nous
devons tirer dans le monde entier les leçons qu'il nous
donne, nous devons faire de l'assassinat de Lumumba un exemple.
L'assassinat de Patrice Lumumba est un exemple de ce que fait
l'empire quand on s'oppose fermement à lui. Il faut frapper
l'impérialisme en pleine gueule, une fois et encore une
fois, et encore une fois dans une succession infinie de coups
et de contre-coups, c'est le seul moyen pour que le peuple puisse
obtenir son indépendance véritable " (Discours
devant l'assemblée nationale de l'industrie sucrière,
28 mars 1961).
" En développant ce thème
nous avons envisagé qu'éventuellement on accepterait
l'idée de la lutte armée et aussi la formule de
guerre de guérilla comme méthode de combat. Pourquoi
considérons-nous que, dans les conditions actuelles de
l'Amérique latine, la guerre de guérilla est la
voie correcte? Il y a des arguments fondamentaux qui, selon notre
conception, déterminent la nécessité de
l'action guérillera en Amérique, comme axe central
de combat.
Premièrement: si l'on accepte comme exact que l'ennemi
luttera pour se maintenir au pouvoir, il faut penser à
détruire l'armée d'oppression; pour la détruire
il faut lui opposer une armée populaire. Cette armée
populaire ne peut pas naître spontanément, il faut
qu'elle s'arme dans l'arsenal que lui offre l'ennemi. Et cela
implique une lutte dure et très longue au cours de laquelle
les forces populaires et leurs dirigeants seront exposés
sans cesse aux attaques de force supérieures sans avoir
des conditions appropriées de défense et de manoeuvre.
Par contre, un noyau guérillero, établi sur un
terrain favorable à la lutte, garantit la sécurité
et la permanence de la direction révolutionnaire. Les
forces urbaines dirigées par l'état-major de l'armée
du peuple peuvent réaliser des actions d'une portée
incalculable. L'éventuelle destruction de ces groupes
ne tuerait pas l'âme de la révolution, sa direction
qui, des forteresses rurales, peut continuer à canaliser
l'esprit révolutionnaire des masses et à organiser
de nouvelles forces pour de nouvelles batailles (...).
La lutte pacifique peut être mené par des mouvements
de masses et obliger -dans des situations spéciales de
crise- les gouvernements à céder le pouvoir, les
forces populaires peuvent éventuellement occuper le pouvoir
et elles établiront la dictature du prolétariat.
Théoriquement correct. Si nous analysons ceci dans le
contexte de l'Amérique, nous en viendrons aux conclusions
suivantes: dans ce continent il existe, en général,
des conditions objectives qui poussent les masses à des
actions violentes contre les gouvernements bourgeois et les propriétaires
terriens; il y a dans beaucoup d'autres pays des crises de pouvoir
et aussi quelques conditions subjectives.
Il est évident que dans les pays où il y a toutes
les conditions pour le faire il serait même criminel de
ne pas agir en vue de la prise du pouvoir. Dans les autres, où
ces conditions n'existent pas, il est justifié qu'apparaissent
diverses possibilités et que de la discussion théorique
surgisse la décision applicable à chaque pays.
La seule chose que l'histoire n'admet pas c'est que les analystes
et les exécuteurs de la politique prolétarienne
se trompent.
Personne ne peut se réclamer d'un parti d'avant-garde
comme d'un diplôme officiel conquis à l'université;
être un parti d'avant-garde c'est être à la
tête de la classe ouvrière dans la lutte pour la
prise du pouvoir, savoir guider vers cette prise du pouvoir,
l'y conduire par des raccourcis, au besoin. Telle est la mission
de nos partis révolutionnaires et l'analyse doit être
profonde et exhaustive pour qu'il n'y ait pas d'erreur "
(La guerre de guérilla, une méthode).
" C'est une réalité
pénible: le Viet-Nam, cette nation qui représente
les aspirations, les espérances de victoire de tout un
monde oublié, est tragiquement seul.
Ce peuple doit supporter les attaques de la technique nord-américaine
presque à main nue au Sud, avec quelques possibilités
de défense dans le Nord, mais seul, toujours (...).
Et nous, les exploités du monde, quel est le rôle
qui nous incombe? Les peuples de trois continents observent et
apprennent leur leçons au Viet-Nam. Etant donné
que, avec la menace d'une guerre, les impérialistes exercent
leur chantage sur l'humanité, la réponse juste
est de n'avoir pas peur de la guerre.
Agir durement et sans interruption en chaque lieu d'affrontement,
telle doit être la tactique des peuples.
Mais là où cette misérable paix dont nous
jouissons n'a pas été brisée, quelle est
notre tâche? Nous libérer à tout prix. "
(Message à la tricontinentale).
" On nous pousse à cette lutte,
il n'y a rien d'autre à faire que de la préparer
et de nous décider à l'entreprendre.
Les débuts ne seront pas faciles; ils seront même
extrêmement difficiles. Toute la capacité de répression,
toute la capacité de brutalité et de démagogie
des oligarchies se mettra au service de leur cause.
Notre mission, aux premières heures, est d'arriver à
survivre, après, de suivre l'exemple éternel de
la guérilla, en réalisant la propagande armée
au sens vietnamien de la phrase, c'est-à-dire la propagande
des coups de feu, des combats qui se gagnent ou se perdent, mais
qui se livrent, contre l'ennemi. La grande leçons de l'invincibilité
de la guérilla s'emparera des masses des dépossédés
(...).
La haine en tant que facteur de lutte; la haine intransigeante
de l'ennemi, qui donne une impulsion au-delà des limites
naturelles de l'être humain et me transforme en une machine
à tuer, efficace, violente, sélective et froide.
C'est ainsi que doivent être nos soldats; un peuple sans
haine ne peut pas triompher d'un ennemi brutal.
Il faut porter la guerre jusqu'où l'ennemi la porte; jusqu'à
sa maison, ses lieux de plaisir; la rendre totale. Il faut l'empêcher
d'avoir un seul instant de tranquillité, une minute de
calme hors de ses quartiers; l'attaquer partout où il
se trouve; qu'il se sente une bête sauvage traquée
partout où il passe.
Alors son moral tombera. Il deviendra plus bestial, mais on commencera
à voir apparaître les signes de la chute.
Et il faut développer un véritable internationalisme
prolétarien; avec des armées prolétariennes
internationales, où le drapeau sous lequel on lutte devient
la cause sacrée de la rédemption de l'humanité,
de telle sorte que mourir sous les enseignes du Viet-Nam, du
Venezuela, du Guatemala, du Laos, de la Guinée, de la
Bolivie, du Brésil, pour ne citer que les théâtres
actuels de la lutte armée, soit également glorieux
et désirable pour un Américain, un Asiatique, un
Africain et même un Européen.
Chaque goutte de sang versée sur un territoire sous le
drapeau duquel on n'est pas né est une expérience
que recueille celui qui y survit pour l'appliquer ensuite à
la lutte pour la libération de son lieu d'origine. Et
chaque peuple qui se libère est une étape gagnée
de la bataille pour la libération d'un autre peuple (...).
Résumons ainsi nos aspirations de victoire: destruction
de l'impérialisme au moyen de l'élimination de
son bastion le plus solide: la domination impérialiste
des Etats-Unis d'Amérique du Nord.
Prendre comme fonction tactique la libération progressive
des peuples, un par un ou par groupes et amener l'ennemi à
une lutte difficile hors de son terrain; liquider ses bases de
ravitaillement, qui sont les territoires sous sa dépendance.
Cela signifie une guerre longue. Et nous le répétons
une fois de plus, une guerre cruelle. Que personne ne s'y trompe
en l'entreprenant et que personne n'hésite à l'entreprendre
par peur des conséquences qu'elle peut entraîner
pour son peuple. C'est presque le seul espoir de victoire (...).
Comme nous pourrions tourner nos regards vers l'avenir lumineux
et proche si deux, trois, de nombreux Viet-Nam venaient à
surgir à la surface du globe, avec leur part de mort et
leurs tragédies immenses, avec leur héroïsme
quotidien, leurs coups répétés à
l'impérialisme, avec l'obligation que cela entraînerait
pour lui de dispenser ses forces, sous l'assaut de la haine croissante
des peuples du monde!
Et si nous étions capable de nous unir pour que nos coups
soient plus forts et plus sûrs, pour que l'aide de toute
sorte aux peuples en lutte soit encore plus efficace, comme il
serait grand l'avenir, et combien proche!
Si nous, en un petit point de la carte du monde, accomplissons
le devoir que nous préconisons et mettons à la
disposition de la lutte le peu que nous pouvons mettre: nos vies,
notre sacrifice; si nous versons un de ces jours notre dernier
soupir sur quelque terre que ce soit, notre terre déjà,
gagnée au prix de notre sang, que l'on sache que nous
avons mesuré la portée de nos actes et que nous
ne nous considérons comme rien d'autre que comme des éléments
de la grande armée du prolétariat, mais nous sommes
fiers d'avoir appris de la Révolution Cubaine et de son
grand dirigeant, le plus grand, la grande leçon qui se
dégage de son attitude dans cette partie du monde: "
Qu'importent les dangers ou les sacrifices d'un homme, d'un peuple,
quand le destin de l'humanité est en jeu ".
Toute notre action est un cri de guerre contre l'impérialisme
et un appel pour l'unité des peuples contre le grand ennemi
du genre humain: les Etats-Unis d'Amérique du Nord. Qu'importe
où nous surprendra la mort; qu'elle soit la bienvenue
pourvu que notre cri de guerre soit entendu, qu'une autre main
se tende pour empoigner nos armes, et que d'autres hommes [/femmes]
s'apprêtent à entonner les chants de tristesse avec
un accompagnement de mitrailleuses et de nouveaux cris de guerre
et de victoire ". (Message à la tricontinentale). |